La peur de la page blanche européenne

Publié le par Dess Ihecs JE

Ça fait déjà une demi-heure, que je suis devant mon ordinateur, perplexe, car je ne sais pas quoi écrire sur l'Europe. J'ai beau cherché sur Internet, hormis les records de chaleur du mois d'Avril et dans le cabinet de Ségolène Royale ou l'histoire du petit Corentin, balancé par son père par dessus les rochers de Freyr car il ne pouvait en obtenir la garde. Rien, n'est captivant. Et, c'est le problème du journalisme européen en général. Comment rendre l'Europe sexy? Cette phrase que nous martèle les professeurs de l'Ihecs. Pour une fois, j'en comprends le sens.

Depuis que je propose quelques piges pour une radio française, je mesure la difficulté de la tâche (et encore, la radio en question est un service public, je n'ose imaginer ce que c'est de vouloir vendre un sujet européen à RTL). Vous devez trouver l'angle parfait du moins original, l'angle qu'aucun des 2000 journalistes européens et 20 000 lobbyistes n'ont eu l'idée de traiter. Autant dire, que c'est peine perdu d'avance. A moins d'être, journaliste anglais, là, miraculeusement, vous avez comme objectif: un scoop par jour et ça marche.

En plus de l'angle obtus, il doit être actuel. Alors parfois, vous trouvez des dates bidon afin de justifier votre reportage de même nature. Et, la première phrase de votre «billet monté» ou «enrobé» pour la tradition française, débute ainsi: à l'occasion de la journée européenne du lavage de vitre, des malades mentaux, de la chasse à la crevette à cheval à Ostende...

Souvent, vous devez justifier votre enquête par des statistiques et quelques comparaisons. Ainsi, un sujet humain comme la prostitution deviendra: selon la conjoncture actuelle, 2500 prostituées roumaines envahissent le marché français de la prostitution alors qu'en 1980, elles n'étaient que 1869. Et, aux Pays Bas, elles représentent dix pour cent de la population soit une prostituée par mètre carré. En Suède, c'est le contraire. On a tendance à dire: "Il n'existe pas de mauvais sujets mais des mauvais journalistes". J'en suis persuadée.

D'un autre côté, le journaliste européen est encore plus mal logé que les autres formes de journalismes. Tout d'abord, on ne vend pas autant de copie que la presse locale. A l'heure de la presse de proximité, il n'est pas très évident de retrouver tante Geneviève ou le petit Sami tout sourire aux côtés de José Manuel Barroso lors d'un conseil européen. La vérité, c'est qu'à part des minsitres et des bâtiments, il n'ya strictement rien à filmer. Imaginons une discussion entre deux caméramans lors d'un reportage. L'un dit à l'autre. "Au fait, pour couvrir la directive sur le taux d'anchois à Chypre, il est préférable de filmer le bâtiment Charlemagne ou le Juste Lipse. J'ai un doute là". Certes, l'on peut partir d'un exemple concret. Dans le cadre de la directive sur l'anchois, la mer du nord en Belgique, regorge certainement d'un Bernard, pêcheur depuis 40 ans, brulé par le soleil, scandalisé par les nouvelles mesures européennes en matière de pêche. Le rpoblème désormais, c'est que tout journaliste européen qui s erespecte est obligé d'agir de la sorte. Quelle originalité !

La seule solution serait une nouvelle forme de traitement médiatique. Est ce qu'on a déjà essayé le coup de la blonde pulpeuse de la Rai pour présenter les informations européennes? Le traitement de l'actualité européenne est décidément un récit qui tourne en rond, un chien qui se mord la queue.

Jessica Jouve

Publié dans Coup de Gueule

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