La Roumanie ou le temps d'une farce?

Publié le par Alexandra Mignot

Suspendu par le Parlement pour avoir violé la Constitution , le président Traian Basescu n’a pas démissionné dans les cinq minutes qui suivent, comme il s’était engagé à le faire. Une semaine plus tard, il était toujours à son poste, un revirement qui risque de lui coller au front le stigmate de la honte.

Les hésitations du président seraient liées à un scénario de plus en plus invoqué par les médias : le gouvernement de Calin Tariceanu, devenu un farouche ennemi de Basescu, s’apprêterait à réviser la loi électorale afin d’empêcher un président démissionnaire de se représenter. Pour éviter une présidentielle anticipée, Basescu, qui jouit d’une grande popularité dans le pays, a choisi la voie du référendum, qui aura lieu à la mi-mai. Le référendum populaire annulera ainsi la suspension votée par le Parlement et affaiblira ses adversaires politiques, qui ont œuvré avec insistance et fracas à sa destitution.  Mais cela ne mettra certainement pas fin aux turbulences sur la scène politique roumaine.

En agitant le spectre d’élections anticipées, les politiciens roumains ont transformé le spectacle politique en commedia dell’arte. Le président y joue Arlequin, Ion Lliescu (qui a transformé la Roumanie en une Sibérie politique pendant presque deux décennies) endosse le rôle de Pantalon, Mircea Geoana (PSD) celui du Capitan, et, Elena Udrea (ancienne conseillère présidentielle) joue Colombine. Et le spectacle est aussi crédible que leur lutte est féroce. Ce qui se joue par-dessus tout est l’accès au pouvoir suprême et les dividendes que l’on peut en tirer. Tout cela risque de durer encore longtemps tant que le public se contente de son rôle de spectateur. Mais s'il devient lui-même acteur, la farce pourrait prendre fin.

Publié dans Le chicon européen

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